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Noyyig dëkk bi, tëfug xol

2018

field sound recording Dakar, sand collected from the ground, speaker, amplifier, cable, metal tube, found metal tray, phone, video, electricity

Partcours 7RAW Material Company, Dakar, Senegal, 2018

A collaboration: Helena Adalsteinsdottir & Noemi Niederhauser with the kind support of Bassirou Wade and ker-thiossane

Noyyig dëkk bi, tëfug xol (wolof) « Pulsation of the city, beat of the heart ».

Sand patterns created by the resonance of sound vibrations passing from a video on a phone through an amplifier and a speaker. A materialization and visualization of the soundscape of the city of Dakar. Dakar Heartbeat.

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Noyyig dëkk bi, tëfug xol (1)

L’oeuvre Noyyig dëkk bi, tëfug xol propose de donner une forme à l’effervescence de la vie quotidienne dakaroise. Une vie rythmée par les chants, les rires, les discussions, les circulations des voitures, des piétons et le travail du métal dans les rues du quartier de la médina. L’oeuvre, grâce aux choix des matériaux et au son qui l’accompagne, renvoie aux lieux des savoir-faire des travailleurs du quartier de métallurgie de la médina. Les formes et le son sont les deux éléments sensibles qui permettent une lecture, autre que verbale ou écrite, d’un environnement ou d’un lieu.

Noemi et Helena ne parlant pas wolof et voulant proposer un projet qui entre en relation avec la ville de Dakar et ses spécificités, elles ont décidé de produire un objet qui permette de visualiser le son par la mise en vibration d’un corps, sur le principe de l’expérience de Chladni (2).

L’oeuvre prend donc la forme d’un objet cymatique (3) made in Dakar dont chaque élément a été trouvé dans le quartier de la médina. Cette recherche a demandé de pratiquer et expérimenter la ville en allant à la rencontre des métiers dans les rues du quartier. Cette déambulation est enregistrée ; elle résonne comme les pulsations de la ville. Toujours en mouvement le quartier de la médina se découvre, entre l’appel à la prière, le son du métal façonné par les travailleurs, les négociations entre acheteurs et vendeurs et puis les chansons. L’objet fait le lien entre les savoir-faire, les matériaux et l’environnement sonore de la ville. En utilisant le sable comme corps de liaison entre la forme et le son enregistré, les artistes réaffirment la relation entre les pratiques locales et la matière. Le sable est un élément prédominant dans la ville de Dakar, il est utilisé pour la construction des immeubles et des maisons et il intègre quasiment tous les métiers du quotidien.

Le son enregistré produit les formes faites par le sable récolté dans les rues de la médina. La présentation d’une carte Google map sur un téléphone portable qui est reliée au son. Le sable produit un antagonisme en donnant à voir au visiteur un matériau qui subvertit le regard figé et aplanissant des cartographies froides et uniformes. Les lignes qui délimitent les pays, les frontières, puis les quartiers sont brouillées et altérées par le son de la vie courante du quartier. Les artistes s’emploient à proposer une expérience subjective d’un quartier de Dakar tout en questionnant les productions géographiques contemporaines.

L’oeuvre renverse les rapports de forces en questionnant les constructions spatiales contemporaines neutres et sans particularités des métropoles. Les artistes renvoient par le son et les matières choisies à un contexte local singulier, alors qu’elles-mêmes entant qu’étrangères à ce lieu, questionnent les tensions entre mondialisation et localité.

1. Traduction du wolof : pulsation de la ville, battement du coeur.
2. Au tout début du dix-neuvième siècle, Ernst Florens Friedrich Chladni était célèbre pour donner des représentations au cours desquelles il présentait l’expérience suivante : prenant une plaque de cuivre, il la saupoudrait de sable fin, puis la faisait vibrer en y frottant un archet et transformait ainsi la plaque en instrument de musique. Le sable dessinait alors des figures géométriques qui dépendaient des vibrations imposées à la plaque.
3. Un son est une sensation auditive engendrée par une vibration. La cymatique est l’étude de la visibilité de ces vibrations.

Texte: Ariane Leblanc, Commissaire d’exposition et coordinatrice de La Semeuse, Les Laboratoires d’Aubervilliers